La liste est longue des établissements de la voie professionnelle qui accueillent un ou une mineur·e isolé·e. La plupart du temps en toute discrétion : seule l’assistante sociale, parfois le CPE ou le prof principal, sont au courant de leur situation.
Souvent en UPE2A mais aussi en CAP ou en Bac Pro, ils préparent un diplôme et effectuent des stages en entreprise. Des élèves comme les autres, ou presque… Sauf lorsqu’ils se retrouvent à la rue. C’est indigne, et c’est la décision du préfet d’arrêter le dispositif d’ « hébergement lycéen » qui est à l’origine de cette indignité. Décision politique qui vise à fragiliser les plus faibles, en empêchant des élèves de suivre une scolarité à laquelle ils ont droit, en les éloignant volontairement de leurs lycées d’affectation. Est-ce pour flatter un électorat persuadé que l’immigration est la source de ses difficultés quotidiennes ? Mais qui croit encore à ces présupposés xénophobes alors que le pouvoir d’achat est la première préoccupation des français ?
Contre cette attaque au droit des élèves à recevoir un enseignement dans des conditions les plus dignes possibles, les équipes d’une vingtaine d’établissements se sont mobilisées le 6 février. Cette mobilisation a mis en lumière le travail de fourmi qu’effectuent la plupart des équipes en question, le plus souvent en recourant à des collectes et des dons, en toute discrétion. Il faut parfois rompre le silence pour dénoncer le scandale. Sommes-nous prêts à nous habituer à voir nos élèves dormir dans des tentes ?
À cette première mobilisation réussie doivent succéder de nouvelles actions. Nous devons faire connaître le caractère ignoble et mesquin d’une telle décision. Alors que l’itinéraire d’un migrant est à juste titre récompensé aux Césars, il est opportun d’étendre la mobilisation et d’interroger les consciences.
Quand les droits des plus faibles sont mis à mal, c’est sans doute le signe que l’État de droit est lui-même remis en question.